La jeune fille suppliciée sur une étagère

41B6M0MX9ML__SY445_Dans le cadre de son challenge Ecrivains japonais, Adalana a choisi de consacrer le mois d’août à Akira Yoshimura. Comme je ne connaissais pas cet auteur, j’ai choisi au hasard le livre dont j’avais eu l’occasion de croiser le titre le plus souvent. Ce petit ouvrage contient en fait deux récits, que je qualifierais volontiers de nouvelles, d’environ 70 pages chacun, qui m’ont laissé une impression un peu mitigée.

La première, qui donne son titre au livre, a pour narratrice une jeune fille de 16 ans qui vient de décéder. Son âme semble ne pas avoir quitté son corps et elle porte un regard assez détaché sur le devenir de celui-ci, ainsi que sur tout ce qui l’entoure. Les parents de la jeune fille ont vendu son corps à un hopital pour gagner un peu d’argent. On suit donc avec elle tout ce que les chercheurs et étudiants font subir à son cadavre au fil des semaines. Forcément c’est glauque. Peut-être encore plus du fait que c’est écrit joliment, dans un style assez poétique.

Ce qu’on apprend peu à peu, et qui m’a semblé le plus horrible, est que cette jeune fille n’a pas été aimée mais a été utilisée, avant comme après sa mort. Le récit est totalement négatif et ne comporte pas un brin d’espoir. J’ai un peu de mal avec ça. Par ailleurs, la jeune fille m’a semblé d’une naïveté indécrottable, voire même carrément cruche. Elle est heureuse de s’être rendue utile et ne se révolte jamais. Je n’arrive pas à éprouver de l’empathie pour ce genre de personnage et je l’ai trouvée, au contraire, assez agaçante. Ce qui fait que, lorsque j’ai achevé ma lecture, même si j’ai trouvé que le récit était bien fait et bien écrit, mon sentiment dominant était un peu d’énervement. J’ai eu l’impression que l’auteur m’avait emmenée quelque part où je n’avais pas forcément envie d’aller. Il s’y mêlait un peu d’admiration devant le talent de l’auteur qui a su m’y entraîner malgré tout.

La seconde nouvelle m’a mieux plu. Le héros est cette fois un étudiant qui retrouve par hasard un ami d’enfance. Ce que j’ai le plus apprécié dans cette histoire, c’est la façon dont elle se développe peu à peu. Au début, je n’avais aucune idée de la façon dont elle pouvait évoluer ni de quoi il allait être question, et je me serais complètement trompée si j’avais dû faire un pronostic. C’est pourquoi je préfère me contenter d’une phrase de résumé laconique. J’ai aimé la construction de l’histoire et la façon dont elle se déploie et, là encore, j’ai apprécié l’écriture. Néanmoins, cette fois non plus je n’ai pas réussi à m’intéresser aux personnages, trop passifs à mon goût. J’ai toutefois été reconnaissante à l’auteur de laisser une fin suffisamment ouverte pour que je puisse m’imaginer un dénouement qui est sans doute à l’opposé de ce que lui-même avait en tête!

Une fois de plus, le challenge d’Adalana m’a permis de découvrir un auteur de qualité, et je suis contente de cette incursion dans son oeuvre. Néanmoins, du fait de mes goûts personnels, je n’ai pas excessivement envie de poursuivre avec lui.

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16 commentaires pour La jeune fille suppliciée sur une étagère

  1. Aaliz dit :

    La première nouvelle pourrait peut-être me plaire mais si tu dis que la narratrice reste complètement passive, ça risque de m’énerver tout comme toi. Je dirais bien que je découvrirai cet auteur un jour mais il y en a tellement d’autres qui m’attirent qu’il y a de fortes chances pour que je le laisse de côté…

    • Marie dit :

      Je tiens à peu près le même raisonnement. Je reconnais tout le talent de l’auteur mais, même s’il peut être salutaire d’être parfois bousculé en tant que lecteur, les livres qui m’attirent sont tellement nombreux que je préfère les privilégier.
      Je serais curieuse de connaître ton opinion au sujet de ce livre, si jamais tu t’y risques. Il se lit très vite!

  2. Natiora dit :

    C’est étrange comme on reconnait les textes japonais, il y a souvent cet aspect poétique dans le glauque. Des thèmes un peu bizarres. J’aime bien mais à petites doses ^^

    • Marie dit :

      C’est la réflexion que je me suis faite aussi. Là, plus que le glauque, c’est la personnalité des personnages et l’orientation donnée à la première nouvelle qui ont coincé.

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  4. valentyne dit :

    Je l’avais vu à la bibli celui là et le titre m’avait un peu rebuté …
    Bonne journée

  5. Diabazo dit :

    Bonjour ! « pas un brin d’espoir » je passe mon tour alors !

  6. Rien que le titre: brrrrrr! dans un style différent, j’avais lu « chroniques de l’oiseau à ressort », d’Haruki Murakami, que j’avais bien aimé dans l’ensemble (même si un peu long: 850 pages)

    • Marie dit :

      Je n’ai pas lu Chroniques de l’oiseau à ressort mais j’en ai lu 2 ou 3 autres de Haruki Murakami et je trouve ces deux auteurs assez différents.

  7. jerome dit :

    Clairement, le titre ne donne pas envie. Et j’avoue que ce que tu en dis ne me tente pas du tout. Hyper glauque et avec une cruche en plus, non merci^^

  8. Je ne connais pas non plus, mais ton billet m’a intéressée et je note cette auteure !

  9. Ping : Le pavillon d’or | Et puis…

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