Thermae Romae

61XyCfmCOwL__L’histoire commence à Rome, en l’an 128. Lucius Quintus Modestus, architecte spécialisé dans les thermes, se fait renvoyer du cabinet dans lequel il travaille. Son patron lui reproche d’avoir des idées démodées et dépassées. Comme il déprime, son ami Marcus l’emmène aux bains pour le détendre. C’est là que Lucius, intrigué par un drôle de trou au fond d’un bassin, tombe dans celui-ci et se retrouve transporté dans le Japon contemporain. Le premier moment de surprise et d’effroi passé, Lucius trouve dans les bains japonais dans lesquels il est mystérieusement arrivé une foule d’idées nouvelles. Une nouvelle chute l’ayant ramené à Rome, il s’empresse de les mettre en application.

61-XSCOj4GL__Tout au long des trois premiers tomes de la série, qui en compte six, les chapitres se succèdent selon le même schéma : Lucius doit construire des bains et se retrouve confronté à un problème, une chute le transporte au Japon, il y trouve les idées et l’inspiration nécessaires pour résoudre son problème, et enfin il rentre à Rome pour mettre en oeuvre une solution brillante.

Ce schéma répétitif peut paraître lassant, et il le serait sans aucun doute s’il s’était prolongé sur 10 ou 15 tomes. Cependant, sur ces seulements trois tomes, ça passe très bien.

L’auteur, Mari Yamazaki, a vécu 11 ans en Italie, où elle a étudié les Beaux Arts, elle est passionnée par l’Antiquité et s’est rendue sur de nombreux sites de fouille. Présente au Salon du Livre il y a 2 ans, elle y avait expliqué qu’elle trouve 51CSFkVceRL__que les japonais mettent l’empire romain sur un pied d’estale et en ont une image rigide qui n’est pas très attrayante. Avec Thermae Romae, elle a voulu en donner une image moins guindée, en mettant l’accent sur la vie quotidienne, pour inciter ses compatriotes à avoir envie de mieux connaître la Rome antique. Et les bains lui ont semblé être ce qui rapprochait le plus les deux cultures.

De mon point de vue, elle a parfaitement réussi. Elle donne, en effet, une vision moderne et vivante de Rome, mettant en scène des hommes semblables à nous dont la façon de vivre n’est pas si éloignée de la nôtre. Cela ne doit pas aller sans quelques anachronismes, au moins dans la mentalité « très manga » du héros, mais le résultat est que Lucius est sympathique et qu’on suit avec plaisir ses aventures, qui sont à la fois drôles et intéressantes. Par ailleurs, les dessins sont superbes.

51ixoLYMbmL__Enfin, Lucius ne passe pas son temps à voyager d’un monde à l’autre : ses visites au Japon sont, somme toute, assez rares, puisque les trois premiers tomes couvrent une dizaine d’années de la vie de l’architecte. Le lecteur peut ainsi voir évoluer la carrière et la vie de Lucius. Ses succès lui valant d’être remarqué d’un proche de l’empereur, il va être amené à travailler pour Hadrien. Grâce à cette évolution de l’intrigue, la mangaka peut élargir le décor de son histoire. Elle nous entraîne ainsi dans différentes provinces de Rome et nous laisse entrevoir l’âge d’or qu’était le règne d’Hadrien et les difficultés rencontrées par ce dernier dans l’organisation de sa succession.

61v-0ht1ItL__Puis, dans le quatrième tome, le rythme change : Lucius, transporté une fois de plus dans le Japon d’aujourd’hui, ne parvient pas à en revenir. Il a la chance (!) de rencontrer une historienne spécialiste de la Rome antique, qui parvient à communiquer avec lui et qui, bien qu’elle le prenne pour un fou, lui conseille, puisqu’il est coincé au Japon, de mettre à profit son séjour pour découvrir son environnement et travailler. Lucius met ce conseil en application et on le voit donc tenter de s’adapter dans ce pays inconnu dont il ne parle pas la langue.

Ce rebondissement m’a, à la lecture du quatrième tome, semblé une bonne idée, car il apporte un souffle nouveau à la série. Néanmoins, j’ai eu un peu peur en lisant le cinquième, qui part dans des délires que j’ai trouvés décevants. C’est donc avec une certaine appréhension que j’ai ouvert le sixième et dernier tome. J’ai heureusement été rassurée. Si celui-ci n’est pas le meilleur de la série, il est tout du moins consacré à amener la conclusion que j’attendais et m’a donc semblé satisfaisant.

51cxGKolntL__Si je mets un bémol sur la deuxième partie de la série, celle-ci, qui est drôle et donne envie de se plonger dans l’histoire de Rome… ou de relire les Mémoires d’Hadrien qui furent une des sources d’inspiration de la mangaka, a été très agréable à lire et, en dépit de certaines faiblesses scénaristiques, elle mérite amplement d’être découverte, si ce n’est pas déjà fait.

Le sixième tome se termine sur la promesse faite par Mari Yamazaki de raconter ultérieurement ce que sont devenus les personnages rencontrés par Lucius au Japon. Si l’on en croit le numéro de janvier – février d’Animeland, ce projet de spin-off serait néanmoins repoussé à une date indéterminée, la mangaka ayant été dégoûtée de n’avoir touché que 7 000 € sur les sommes colossales rapportées par les millions de mangas vendus et les adaptations de Thermae Romae en film et en dessin animé. Toujours est-il qu’elle travaille actuellement sur la vie de Steve Jobs.

J’inaugure avec ce manga la catégorie Rome de mon défi Préhistoire et Antiquité.

Rome

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3 commentaires pour Thermae Romae

  1. Jérôme dit :

    Je n’ai pas encore lu ce dernier tome qui m’attend sagement sur l’étagère mais tu me rassures. Parce que les 4 et 5, franchement, c’était la cata !

    • Marie dit :

      Je ne sais pas trop si tu peux te rassurer en fait. Les voyous du 5ème tome sont oubliés dans le 6ème, mais ce dernier se concentre sur l’intrigue sentimentale et, si le 4ème ne t’a pas emballé, ce n’est pas sûr que celui-là te plaise mieux. D’autant plus que, si j’aime bien ce qu’elle raconte et la façon dont elle le raconte, je dois bien avouer que le scénario ne m’a pas toujours paru très cohérent.

  2. Mo' dit :

    Toujours pas lu…
    (Allo ? Y a-t-il quelqu’un à l’appareil ?? J’espère que tu vas bien madame ;) )

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