A nous deux, Paris!

Je ne pouvais pas passer à côté d’un manga doté d’un tel titre et portant sur un tel sujet! Et pourtant…

Taku Nishimura, alias J.P. Nishi, a travaillé plusieurs années en tant qu’assistant de mangaka. Intéressé par la bande dessinée franco-belge, il a décidé de venir en France pour l’étudier  en travaillant comme assistant pour un dessinateur français. Mais, à son arrivée, en 2005, il découvrit avec stupeur et désappointement que les français n’emploient pas d’assistants et ne voient même pas à quoi ceux-ci pourraient leur servir. Il passa donc un an à travailler comme vendeur dans une épicerie japonaise parisienne. A nous deux, Paris! est issu des souvenirs de ce séjour, et de quelques autres brefs séjours qu’il a effectué en France depuis.

A l’exception de quelques vues parisiennes très détaillées et très jolies, le dessin est très sobre : peu ou pas de décors, personnages parfois esquissés. L’attention se concentre plutôt sur le propos.

Dans ce manga qui oscille entre journal, recueil de souvenirs et guide de survie à l’attention des japonais qui pourraient s’égarer en France, l’auteur mêle anecdotes, portraits des personnes qu’il a cotoyées et détails qui l’ont frappé. Ce qui est intéressant c’est que, s’il est surpris de l’engouement français pour la culture japonaise et des connaissances de certains de ses interlocuteurs, il s’étonne et s’agace des clichés, souvent culinaires, que nous avons au sujet de son pays. Lui-même, cependant, ne s’abstrait pas totalement des clichés. S’il consacre, évidemment, un chapitre au cérémonial compliqué des bises, je me suis demandée d’où sortait, par exemple, sa page expliquant pourquoi les français dorment nus?!?

Par ailleurs, j’ai trouvé intéressants ses interrogations et les détails qu’il juge utile d’aborder, car ils sont révélateurs de différences culturelles. Ainsi, son étonnement à propos du fait que les français ne font pas de déclaration d’amour à la personne avec laquelle ils veulent sortir m’a fait comprendre pourquoi, dans les yaoi, la déclaration d’amour semble être un préliminaire obligé avant le passage à l’acte. Certains de ses étonnements m’ont étonnée, comme lorsqu’il explique que les français tiennent toujours la porte aux personnes qui arrivent derrière eux. Cela me semble aller de soi. Aussi, maintenant je me demande comment ils font là-bas.

Le manga n’est pour autant pas exempt de défauts. Je m’attendais, sans doute à tort, à quelque chose dans la veine du A year in the merde de Stephen Clarke, ce qui fait que j’ai été déçue, car c’est beaucoup moins drôle et incisif. Il y a tout de même quelques passages qui m’ont fait rire, mais j’ai trouvé le manga un peu plat.

De plus, j’ai été un peu perdue à cause du côté « brouillon » du manga. Par « brouillon », j’entends qu’il n’y a pas de scénario, pas de ligne directrice. Ce qui fait que j’ai eu l’impression que ça partait dans tous les sens et cherché en vain une logique à l’affaire. Peut-être est-ce dû au fait que l’auteur a commencé par publier ses souvenirs sous forme de feuilleton dans un magazine féminin, avant qu’ils soient rassemblés dans deux volumes (A nous deux, Paris! étant, si j’ai bien compris, la traduction du deuxième)?

Pour ces raisons, si le manga m’a intéressée et si j’ai bien aimé les portraits de ses voisins et amis, je reste néanmoins sur ma faim, avec un sentiment de déception. C’est malheureusement une lecture plaisante, mais qui n’est pas indispensable.

Il est à noter que l’on peut retrouver chaque semaine J.P. Nishi sur Clubic, où il illustre les chroniques de Karyn Poupée.

A nous deux, Paris!
J.P. Nishi
Editions Philippe Picquier

Cet article, publié dans BD / Mangas, est tagué , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

6 commentaires pour A nous deux, Paris!

  1. Je ne connaissais pas ce manga, le thème a l’air sympa, si je le trouve en biblio je tenterai peut-être.

  2. jerome dit :

    J’étais très tenté par ce titre et puis je me suis souvenu que tu m’avais parlé de ta déception. Du coup, j’attendais ton billet et je comprends mieux ce qui t’a déplu. L’absence de ligne directrice me refroidit, je crois que j’aurais trop l’impression de lire une fois plus une compilation extraite d’un blog (même si je sais bien que ce n’est pas le cas).

  3. keisha dit :

    Je note tes interrogations (oui, dormir nu? Il faudrait voir des études statistiques? ^_^)

Laisser un commentaire