Genshiken

C’est la rentrée universitaire. Sasahara Kanji, jeune étudiant timide de première année, cherche un club d’université qui lui convienne. Son choix se porte sur le « Club d’étude de la culture visuelle moderne » (ou Genshiken). Derrière ce nom pompeux se cache une poignée d’otakus (1) dont l’activité se limite à se réunir dans un local rempli de mangas, fanzines, jeux et figurines de personnages féminins court vêtus pour se livrer à leurs passe-temps favoris et discuter de leurs séries préférées.

Alors que Sasahara hésite à entrer demander des renseignements sur le Genshiken, il tombe sur Kosaka Makoto, autre étudiant de première année qui vient de s’inscrire dans le club. Bien qu’il soit redoutable aux jeux vidéos, Kosaka ne ressemble en apparence en rien à un otaku : il est mignon, très souriant, sociable, et soucieux de son apparence. Kasukabe Saki s’y est laissé prendre. Amie d’enfance de Kosaka, elle l’a retrouvé par hasard à l’université et est tombée amoureuse de lui. Ayant découvert avec horreur qu’il était un otaku, elle cherche à l’attirer à elle et ne désespère pas, au début, de le faire renoncer à ses passions. Elle le suit donc régulièrement au Genshiken et se trouve ainsi amenée à partager la vie du club, bien qu’elle refuse catégoriquement d’en faire partie.

Les autres membres du club sont Madarame Harunobu, garçon doté d’une coupe au bol, de grosses lunettes et de canines saillantes qui le font ressembler à un vampire, Kugayama Mitsunori, très timide en dépit de son physique imposant et qui aime dessiner des mangas, Tanaka Soichiro, couturier talentueux qui passe le plus clair de son temps à réaliser des costumes pour le cosplay (2) et des maquettes, et un fantomatique président qui se complait à apparaître et disparaître quand les autres s’y attendent le moins et semble si bien informé de la vie des étudiants que c’en est suspect. Ils seront rejoints en cours d’année par une fille, Ono Kanako, qui revient des Etats-Unis où elle a vécu plusieurs années et adore le cosplay. Un garçon et une autre fille, Ogiue Chika, qui clame détester les otakus et dessine des mangas de façon prolifique, rejoindront également le Genshiken deux ans plus tard.

Genshiken est un manga assez atypique dans la mesure où il ne comporte pas réellement d’intrigue. Le lecteur partage simplement la vie du club pendant les 4 ans de scolarité de Sasahara, Kosaka et Saki et les événements qui la ponctuent : participation à la vie de l’université, aux conventions de manga et anime… Malgré cela, on ne s’ennuie pas du tout. La série, assez courte (9 volumes), ne s’essouffle pas du tout. Au contraire, après un premier volume essentiellement consacré à la mise en place des personnages, ceux-ci gagnent en profondeur au fil des tomes et leurs centres d’intérêts permettent de développer tout un éventail de thèmes, toujours liés à la culture otaku.

Le principal atout de Genshiken est que c’est un manga hyper intéressant au point de vue sociologique, car il permet d’apprendre énormément de choses sur la culture japonaise et, principalement, l’univers des otakus. Le lecteur qui est un peu familier de la culture manga sera amusé d’y retrouver des allusions à des jeux et séries bien connus. Le néophyte ne sera pas perdu pour autant, car, globalement, tout est très bien expliqué. Il y a également, à la fin de chaque volume, un petit guide qui regroupe des notes explicitant certains dialogues et qui fournit une tonne d’informations sur des thèmes liés aux sujets abordés dans le manga (quartiers de Tokyo, jeux, conventions…). Pour qui veut découvrir un peu le monde des otakus, Genshiken est une mine.

Deuxième point fort, Genshiken est bourré d’humour. Les situations, les dialogues, les expressions des personnages, tout est extrêmement drôle. Le personnage le plus intéressant et amusant est Saki. Dotée d’une forte personnalité, elle voit rouge chaque fois qu’elle est associée aux otakus. Et pourtant, malgré elle, elle va se retrouver petit à petit de plus en plus impliquée dans la vie du club. Ses rapports conflictuels, et qui virent parfois au chantage, avec les deux premiers présidents du Genshiken sont un régal. Il en est de même, de façon générale, des rapports compliqués entre Saki et les deux filles du Genshiken, qui démarrent assez mal dans tous les cas et donnent lieu à des situations très amusantes.

Douée malgré tout de bonne volonté, Saki cherche à comprendre ce qui motive la passion des otakus, sans succès. Elle va même jusqu’à s’intéresser à la fabrication des maquettes ou essaie d’apprendre à jouer aux jeux vidéos pour se rapprocher de Kosaka. Et elle se pose plein de questions existentielles qui demeurent sans réponse telles que : pourquoi Kosaka joue-t-il autant à des jeux vidéos érotiques alors qu’il pourrait passer du temps avec elle ? Par ailleurs, grâce au personnage de Saki, l’auteur peut prendre un peu de recul par rapport à cet univers des otakus qu’il met en scène, et teinter d’un peu d’ironie l’affection qu’il montre pour eux.

La série est donc en 9 volumes et présente le gros avantage d’être finie : pas besoin d’attendre 3 ans pour savoir comment elle se termine !
Genshiken a également été adapté en anime : 2 saisons de 12 épisodes chacune et 3 OVA centrés sur Kujibiki Unbalance, anime fictif dont les membres du Genshiken sont fans. D’après les quelques épisodes de la première saison que j’ai vus, l’anime suit fidèlement le manga. Pour avoir une petite idée de ce que ça donne (en anglais sans sous-titres, désolée!) :

Genshiken – Kio Shimoku
Kurokawa
9 tomes – série finie

 (1) : Au Japon, ce terme péjoratif désigne une personne qui consacre la totalité de son temps à une activité obsessionnelle qui se pratique en intérieur et ne sort quasiment pas de chez lui. Par dérivation, en occident, un otaku est un fan de mangas et tout ce qui s’y rapporte.
(2) : Le cosplay consiste à se déguiser en personnages de mangas, films ou jeux vidéos.

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