Le diable s’habille en Prada

« Des milliers de filles se damneraient pour avoir ce poste. » C’est ce qu’Andrea  se répète chaque jour pour tenir le coup, depuis qu’elle a été recrutée en tant qu’assistante junior de Miranda Priestley, rédactrice en chef du magazine Runway et figure majeure du monde de la mode. Ce travail d’assistante s’apparente relativement à de l’esclavage puisque les tâches qui incombent à Andrea sont aussi diverses et palpitantes que recruter une baby-sitter pour les filles de Miranda, obtenir le dernier Harry Potter avant sa date de sortie et le faire expédier en France où Miranda est en vacances ou trouver les « coordonnées de cet antiquaire, entre la 72e et la 79e, chez qui j’ai vu cette commode ancienne. » Pas grand-chose à voir avec le rêve professionnel d’Andrea : devenir journaliste au New Yorker. Mais celles qui arrivent à tenir un an au poste d’assistante de Miranda se voient offrir la position de leur choix au sein de Runway. Alors la jeune femme veut tenir, même si les horaires à rallonge, le stress et l’épuisement pèsent lourdement sur sa vie personnelle.

J’avais vu le film à sa sortie et je l’avais beaucoup aimé, et j’attendais donc beaucoup du livre. Peut-être trop. C’est une lecture plaisante, j’ai souvent souri, mais je l’ai trouvé par moment un peu long, et, surtout, il manquait un petit je ne sais quoi.  Je dirais que je l’ai trouvé pas mal, mais sans plus. C’est donc pour moi une relative déception.

Paradoxalement, alors que le livre est plus épais, j’ai trouvé que les collègues d’Andrea avaient une plus large place dans le film. Alors que le livre est principalement centré sur les déboires d’Andrea, le film (dans mon souvenir) permet de se faire une meilleure idée de la vie du magazine et de la façon dont il fait et défait les modes. Mais peut-être ai-je cette impression du fait qu’un film est, fatalement, beaucoup plus visuel. Si ce n’est qu’Andrea se fait regarder de travers parce qu’elle est mal fagotée et qu’elle n’est pas anorexique, elle aurait pu occuper un poste similaire dans n’importe quelle autre entreprise sans que ça change grand chose. Il est vrai que le travail que fait Andrea n’a rien à voir avec l’élaboration du magazine, mais je trouve que le livre aurait gagné en substance à dépeindre un peu plus en détail le monde de la mode. Il semble n’avoir d’autre ambition que d’être distrayant et m’a paru un peu creux.

La fin diffère pas mal entre les deux versions. Par certains aspects j’ai préféré celle du livre, et par d’autres celle du film. Celle du livre me semble toutefois assez peu crédible et un peu télescopée. Un truc qui m’a amusée, c’est que la méchante française du film n’apparaît absolument pas dans le livre. Je pense que le contexte politique de l’époque (l’opposition de la France à la guerre en Irak) n’y est pas étranger.

Ce que j’ai appris en lisant le livre, c’est que, comme son héroïne, Lauren Weisberger a démarré sa carrière en étant l’assistante d’Anna Wintour, la rédactrice en chef de l’édition américaine de Vogue. Elle dément s’être inspirée d’Anna Wintour, qui fait d’ailleurs une brêve apparition dans le roman, pour créer le personnage de Miranda. Néanmoins je me suis demandée pendant tout le livre dans quelle mesure elle s’était inspirée de sa propre expérience et dans quelle mesure elle avait inventé. Penser que ce qu’elle décrit de l’abondance incroyable de vêtements et d’accessoires de luxe dans laquelle baignent les employés du magazine, à tous les échelons, correspond sans doute à une réalité me paraît hallucinant.

Pour la petite histoire, le terme runway désigne en anglais le podium sur lequel défilent les mannequins. Et il existe réellement un Runway Magazine.

C’était ma première participation au challenge Read me I’m fashion.

Le diable s’habille en Prada
Lauren Weisberger
Editions Fleuve noir
et, en poche, chez
Pocket

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5 commentaires pour Le diable s’habille en Prada

  1. Irrégulière dit :

    J’avais beaucoup aimé ce roman, ainsi que le film !

  2. soosayweall dit :

    J’ai beaucoup aimé ton article!
    J’ai été très séduite par ce film qui aborde à travers une comédie un milieu célèbre pour sa cruoté.
    Comme toi j’ai lu ensuite le livre et j’ai été un peu déçue…je me demande toujours si ça aurait été la même chose à l’inverse.
    Ce qui me manquait surtout comparé au film c’était les « caprices » de Miranda. Je la trouve moins cruelle das le livre.
    Enfin, ça permet de plus comprendre la psychologie d’Andrea qui est plus difficilement abordable à l’écran…

    • Marie dit :

      J’ai regretté aussi qu’il n’y ait pas plus de caprices de Miranda dans le livre. Je pense comme toi qu’il aurait mieux valu lire le livre d’abord et voir le film après. Mais maintenant c’est trop tard!
      Et bonen chance pour le démarrage de ton blog!

  3. Ping : Point sur mes challenges en cours | Et puis…

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